Nous souhaitons réagir à la publication d’un article des Echos du 9 Novembre intitulé « Les dérives du reboisement ». Cet article mélange plusieurs notions capitales en gestion forestière, sans les approfondir sur les puits de carbone que sont les forêts, et en tire une conclusion assez aléatoire. Nous souhaitons remettre en place quelques notions capitales de gestion forestière.
1. Déforestation et reboisement
L’article développe assez intensément la notion de déforestation : « A cause de la déforestation, les forêts libèrent plus de CO2 qu’elles n’en capturent » et cite des sources qui constatent que « des forêts primaires ont été défrichées pour planter des arbres plus rentables ». Les notions de reboisement et de déforestations se mélangent allégrement. La déforestation est un problème dramatique, et celle-ci est très souvent réalisée au profit de l’agriculture, ou suite à des feux de forêt. Déforester pour replanter n’a pas de sens pour la captation de CO2, ainsi qu’en termes de biodiversité . Réaliser une opération de plantation a du sens dans des terres en friche, ou dans des déprises agricoles. Il faut encore que les essences plantées soient adaptées à l’écosystème.
2. Fatigue forestière
L’article parle ensuite de « Fatigue Forestière ». Cette notion est très discutable. L’auteur explique que certaines plantations sont des échecs, en citant notamment la plantation issue de l’opération « source pour l’avenir », ou « seuls 10% des 11 millions d’arbres plantés avaient survécus ».
Cela n’est pas lié à cette notion de « fatigue forestière », mais avec des essences d’arbres plantées non adaptées à l’écosystème.
Avant une plantation, il faut bien analyser l’environnement de la parcelle (altitude, orientation, climat), ainsi que la richesse du sol (profondeur, structure, humus). Les espèces indicatrices permettant d’identifier des types de sol devront aussi être bien analysées. Les essences envisageables, ainsi que la densité de plantations devront en être déduites.
Il faut pour cela de véritables sylviculteurs.
Il faut ensuite suivre ces plantations : planter est nécessaire mais pas suffisant.
3. Puits de carbone forestiers tropicaux
L’article souligne ensuite que les « puits de carbone forestiers tropicaux commencent à saturer ».
Bien sûr, et c’est le même principe pour toute forêt non entretenue par l’homme !
Un arbre sénescent ne grandit plus, n’absorbe donc plus de carbone, et le libère à sa mort.
La forêt ne peut pas éternellement grandir, donc l’absorption de CO2 devient nulle. C’est l’intérêt de la gestion forestière.
Les arbres sont coupés au moment adéquat et sont utilisés par l’homme. Le carbone reste alors stocké dans le bois (poutre, escalier, structure de maison…), ou alors utilisé comme du bois énergie. Le métier de Sylviculteur est d’optimiser l’accroissement d’une forêt et aider à sélectionner les plus beaux arbres. Le sylviculteur choisit son type de gestion en fonction de l’écosystème : une structure de forêt irrégulière ne nécessite pas de plantation, en revanche une structure régulière impose des plantations régulièrement.
La plantation n’est pas un but en soi, mais elle est nécessaire pour la gestion forestière, ou dans la réhabilitation de terre.
Oui il existe des dérives dans les projets de plantation et défricher pour planter est une aberration ! Tout projet mal géré, comme dans tout domaine, induit de lourds et préjudiciables échecs.
La raison même de Sylvair est de planter à partir de friches, de déprises agricoles, et aussi pour assurer l’entretien de ces plantations pour un taux de survie maximal des arbres.
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